Des chiens
Et mon corps nu dans l'océan
9:56
Je suis toujours autant fasciné à la vue d’un village qui s’éveille.
22:24
J’ai vu Jesus dans une noix de coco.
15:36
Les traces d'un tuk-tuk comme les bandes Adidas de mon short de foot.
Il est 18h50 et les premières étoiles me regardent.
Regarder par la fenêtre
L'automne qui commence
Et mon reflet sur la vitre du bus
C'est le mois d'octobre. Le début de l'automne, des jours qui raccourcissent et des feuilles qui sèchent progressivement avant de tomber sur le sol humide. C'est le début de la pluie, des moments de nostalgie en regardant par la fenêtre, la fin de l'été, pour de bon.
Mais moi je suis là. Cette année je ne vivrais pas d'automne, pas de début d'hiver non plus, pas de Noël en banlieue parisienne, pas de déjeuner en Picardie, pas de nouvel an sous un ciel gris
El Valle.
Une petite église dans laquelle s’est glissé au fond à droite, un hôtel à Marie portant Jesus, fait tout de galets encastrés dans du béton. Un bassin asséché à ses pieds fait le bonheur des crabes rouges. Des affiches bibliques et bandes de tissus colorés tapissent les murs. Au sol un damier jaune et ocre recouvre la quasi totalité du lieu en s’accordant au plafond de bois répondant aux mêmes tons.
Dans les enceintes aux dimensions généreuses s’écoule un doux flots de chants religieux. Je reste émerveillé un instant devant l’étrange agencement des objets. Une église côtière à quelques mètre de la plage où les feuilles de palmiers et les crabes ont élus domicile.
La nuit est tombée tôt hier, vers 18h les vagues de l’océan ont aspiré les dernières lueurs du jour. A 10h l’électricité s’est coupée et les ampoules ont laissé place à une nuit noire, percée par les bruits de la jungle de l’autre côté du fleuve.
Je fume une cigarette. Puis une deuxième. J’enregistre le son de la nuit.
Il n’y a plus un bruit dans le village, je sors sur le bout de terre qui s’étends devant la maison et observe, les pieds dans l’eau, les quelques étoiles disponibles. Je me demande s’il va pleuvoir, si vraiment il y a des tsunamis ici, et si je pourrais vivre si loin de tout. Je me sens vulnérable. Je remonte m’allonger dans mon hamac en observant le noir. Je prends mon paquet de chesterfield posé sur la table du coin et allume une nouvelle cigarette.
Il n’est pas si tard mais le village dort déjà. J’entends les bruits de la jungle, les hurlements des chiens face à l’océan et les remous du Pacifique qui bientôt atteindront les pilotis de la maison.